LE PORTAGE C’EST DU SPORT !

Maman comme vous, j’ai eu des bébés qui ne dormaient pas ailleurs que dans mes bras,

Maman comme vous, j’ai eu des enfants qui n’aimaient pas la poussette,

Maman comme vous, j’ai d’autres choses à faire en même temps que de m’occuper de mon enfant,

Maman comme vous, j’ai eu le dos en compote après une longue séance de portage…

En bref, comme vous, je me suis posée plein de question sur le portage !

Je vais tenter de répondre à certaines questions existentielles qui sont venues me titiller tout au long de mes maternités.

D’abord deux notions qui me semblent importantes :

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DÉFINITION

  • Le portage consiste à porter votre enfant contre vous, en le transportant à l’aide d’un tissu.(En savoir plus)
  • Les principaux types de portage : écharpe, porte-bébé préformé, Sling et Mei-tai.
  • Je parle uniquement des portages « physiologiques », qui permettent un bon positionnement du porté.

Alors attention ca veut pas dire que tu peux réparer ta voiture avec un porte bébé ni que tu vas finir comme Schwarzy !

Pourquoi utiliser un moyen de portage ?

Je précise moyens de portage, parce qu’en fait tous les parents portent leur bébé, au minimum à bras, et que je vais parler dans cet article des moyens de portage autres que ses deux mains.

J’ai listé quelques raisons à ma façon :

(en mode schéma bien sûr ! )

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Il y a souvent une combinaison de tous ces facteurs qui pousse à utiliser un moyen de portage autre que ses bras.

Reprenons chaque aspect :

  • T’as pas le choix : et oui, des fois pour ta survie psychique, quand c’est le seul moyen de calmer un bébé énervé et que les bras sont fatigués, ca peut tout changer ! Quand il y a des problématiques supplémentaires pour le bébé (prématurité, maladie, RGO, handicap,…) ça peut faire une énorme différence. Pareil pour les bébés qui ont décidé que la poussette c’est nooooooonnnnnnnnnn, où qui ont du mal à dormir (un bébé quoi).
  • C’est pratique : tu as les mains libres ! et donc tu peux faire d’autres choses en même temps. Et la où la poussette ne passe pas, le porte-bébé pourra !

APPEL À TÉMOINS

  • Mes enfants ont tous fait leur sieste en portage jusque 9 -12 mois ou je commençais les tentatives de posage en mode ninja. Certains en avaient clairement plus besoin : reflux pour mon troisieme, crise d’exema et mal de ventre pour ma quatrème. Ah oui, refusé la poussette après 20 minutes les premiers mois !
  • Avec plusieurs enfants rapprochés ca m’a grave aidé, pour les siestes et pour soulager les douleurs de bébé.
  • Tu penses que c’est bon pour ton enfant : il y a énormément de bienfaits du portage si il est bien utilisé. Pour rappel une liste non exhaustive : facilite le lien, aide à la digestion, favorise l’allaitement, participe à la détente du bébé, aide au développpement de la tonicité musculaire, favorise un sommeil plus rapide et réparateur, découverte de l’environnement en sécurité,… Je tiens juste à rappeler que tous ces bienfaits peuvent être obtenus par d’autres moyens ou compensés autrement, et que ne pas porter ne pas fait de vous un mauvais parent !

Des contre-indications ?

Ouuuiii!

Le portage ce n’est pas pour tout le monde ! je vous fait un petit schéma :

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  • Douleurs et blessures : et oui, même si on veut faire du portage, ça peut être incompatible avec l’état du porteur ! Mon mari qui est blessé à l’épaule depuis très longtemps, n’a jamais pu faire de portage plus qu’une heure et encore, au prix de grandes souffrances après !

Dans ces cas-là, relativiser, respirer, et  chercher ce qui est possible :

Chercher un moyen de portage éventuellement adapté

Se renseigner auprès d’un professionnel sur ce qui est possible

Mettre en place d’autres choses, être créatif : massage, dormir avec bébé devant une série,…

Si c’est pour les bienfaits du portage, possible de les reproduire autrement (proximité physique, massage pour le bébé,…)

L’idée c’est de ne pas se torturer en plus d’une situation déjà pas facile.

  • Endurance et forme physique : sans parler de pathologie, il s’agit de reconnaitre que c’est un sport ! Donc quand on est pas entraînés c’est dur 😉 Porter plusieurs kilos contre soi un certain nombre de temps, ça sollicite les muscles, ça peut faire mal si on se positionne mal.

C’est normal que ce soit dur au début, en plus des suites de l’accouchement, la fatigue,… et cela n’a rien à voir avec être une bonne ou une mauvaise mère ! La solution c’est de porter un petit peu, puis un peu plus,… et accepter que ca prenne du temps.

  • Certaines dispositions et pathologies psychiques : dans certains cas de dépressions, burn out, fragilités psychiques,… le portage peut être mal vécu et mettre encore plus de distance avec le bébé. D’ailleurs si vous voulez quelques idées sur le burn out maternel j’ai fait un article dessus. Le portage est alors perçu par le porteur comme une invasion de son espace vital et entraîne un sentiment d’opression. Ca peut arriver de temps en temps et c’est normal, mais si ça devient dominant, mieux vaut ne pas insister et d’abord s’occuper du probleme sous-jacent .

Certaines pathologies psychiques peuvent aussi rendre le portage compliqué, dans ce cas-là, il semble judicieux de voir ce qui est possible avec les professionnels de santé et d’être à l’écoute des sensations.

Bien sûr avec de l’alcool, des drogues ou tout autres substances qui altèrent le jugement, on ne fait pas de portage !  ( Vaut mieux éviter quand on s’occupe d’un enfant tout court,…)

  • Ras le bol : alors ça peut paraitre bateau, mais quand on a pas envie ou qu’on a marre, ca se passe pas super bien en général ! Je le précise parce qu’ y  a tellement de « il faut que » en parentalité, y compris en portage, qu’on peut se sentir obligé.

Se forcer n’aide pas, par contre faire une pause, en parler, comprendre ce qui se passe (une des raisons au dessus pas identifiés, pas de plaisir, ou juste ras le bol), peut aider à débloquer la situation. Parce que oui, on peut en avoir ras la casquette de trimballer notre bambin adoré, surtout à partir d’un certain âge !

Se forcer engendre une tension musculaire, et donc rendre le portage plus douloureux, et donc rendre l’entraînement plus difficile ! Comme en sport quoi !

Mais dans certaines circonstances, meme si on en a pas envie, le portage reste la meilleure option.

On peut se poser la question : on va devoir souffrir de toute façon, quelle souffrance on préfère ?  Supporter le portage sachant que le corps et l’esprit peuvent s’habituer ? ou accompagner son bebe dans les pleurs autrement ?

C’est dur ?

Mais ouiiiiii !

C’est un vrai entraînement à accepter. Le « sport » du portage sollicite les muscles du dos, du cou, les abdos, les épaules,… il y a des périodes de kiffance et d’autres ou on aimerait pouvoir poser le bébé sans qu’il se mette à pleurer.

Je dis pas que c’est le cas pour tout le monde, il doit exister quelque part des mamans qui adorent le portage H24 et qui n’en ont pas ras le bol une seconde, avec 0 souffrances physiques, mais perso j’en connais pas !

Savoir ça à l’avance et s’y preparer permet de :

  • Ne pas etre étonné de la fatigue du corps
  • De ne pas culpabiliser parce que c’est dur ou qu’on y arrive pas
  • D’accepter les périodes de ras le bol
  • D’accepter une periode d’entrainement

Si on reprend la comparaison au sport, il y a une période où la fatigue est plus grande et le portage plus dur, jusqu’à un certain point où la fatigue diminue pour une « performance » égale parce que le corps commence a s’habituer.

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APPEL À TÉMOINS

  • Pour mon premier enfant, les séances de portage ont été, je n’ai pas peur de le dire, un fiasco ! J’ai galéré à comprendre comment nouer l’écharpe, et surtout, j’ai été prise de cours par la souffrance physique que cela engendrait.
  • Je sais maintenant que les deux étaient liés, que je mettais mal l’écharpe, que j’étais mal en point après l’accouchement, et que ma tolérance à la souffrance physique et psychique n’était pas très élevée…
  • Sans compter la résistance psychique à « mais tu vas dormir tout seul bordel de c*** ??? »
  • Après quelques balades foireuses, j’ai opté pour la poussette, et quand il en avait marre au bout de 20 minutes, je le portais d’un bras et je poussais la poussette avec l’autre main. Ensuite je le remettais un peu dans la poussette, et on recommençait.  Le summum du pratique, sans aucun doute !
  • A la maison je suis restée au portage à bras, ne reprenant pas le boulot et avec un seul enfant c’était largement possible (j’ai regardé un nombre incalculable de séries).
mayenne 38

La tête de mes enfants en poussette 😉

Ce processus est à refaire apres un arrêt, avec un nouvel enfant, quand l’enfant grandit, avec un nouveau moyen de portage….

à partir de quel âge et jusque quel âge ?

A partir de la naissance et jusque 6-7 ans à ma connaissance. J’ai porté sur le dos jusque 4-5 ans. Là encore se posent les questions de l’envie du porteur et du porté, de ses capacités physiques (porter un gamin de 3 mois ou 3 ans c’est pas pareil) et de ses moyens financiers, (investir dans des bons porte-bébés, écharpes, n’est pas donné loin de la).

Et le porté dans tout ça ?

Et oui on a pas encore parlé du bébé ou de l’enfant qui est dans le moyen portage ! il a aussi son mot à dire 😉

Et je le dis tout de suite, des bébé qui n’aiment pas être en portage ça existe ! j’ai vu des bébés qui supportaient max 1h le porte bébé, et qui après manifestaient des signes de gêne et de ras le bol très clairs.

De même certains enfants préférent un type de portage à un autre, ou à un certain âge en ont ras le bol et préféré marcher.

Il y a aussi la question de l’évolution de l’enfant  :

A un moment donné, on peut se poser la question est-ce que ça aide encore mon enfant ou pas ?

On a remarqué, à des âges différents pour chaque enfant, que le portage n’était plus suffisant pour les calmer. On a décidé alors de les accompagner autrement, sans avoir à les garder sur nous.

Il y aussi des actions à faire en plus du portage : ce n’est pas parce qu’il est porté qu’il faut pas s’en occuper, ou que ça va pallier à tout !

Pour ma dernière, j’avais pris l’habitude de la porter et de la laisser chouiner. Au final, ça finissait par m’agacer et elle prenait une mauvaise habitude de rester dans les pleurs. Elle avait besoin de mon énergie, de ma présence, que je l’accompagne plus « activement ».     

C’est aussi des fois un moyen de pallier au sentiment d’impuissance du parent : « il pleure mais contre moi, au moins je fais quelque chose » . Et si ça permet de se sentir un peu mieux, pourquoi pas, mais il faut rester attentif à son bébé et voir si il n’y a pas d’autres choses à faire.

L’idéal c’est de tester plusieurs moyens de portage, avec le bon coin, ou en utilisant les retours Amazon par exemple. Et d’en avoir plusieurs ! J’en ferai probablement un article à part entière 😉

Retrouvez mes tests d’écharpes et de porte-bébés dans la rubrique « Mon humble avis ».

En conclusion, le portage c’est être dans une démarche de progression sportive, avec un entraînement et des périodes de repos. Le portage c’est aussi un état d’esprit d’essais, d’adaptation, et une recherche d’équilibre entre le porteur, le porté et la situation spécfique de chacun.