Accouchement à domicile (AAD) : mais vous êtes fous ?

Maman comme vous, je me suis posée la question : où et comment je veux accoucher ?

Sur 10 grossesses dont 5 menées à terme, j’ai pu tester différentes manières d’accoucher : à l’hopital : sans péridurale, avec péridurale, avec déclenchement,… et à la maison (forcément) sans péridurale.

Je précise que j’ai l’immense chance de n’avoir eu aucune pathologie sévère pendant mes grossesses menées à terme.

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Papa qui garde le sourire quoiqu’il arrive ;-), pour notre premier enfant

De quoi on parle ?

L’accouchement à domicile, ou AAD de son petit nom, consiste à accoucher chez soi avec une sage femme. A différencier de l’ ANA (Accouchement Non Assisté), qui est le fait d’accoucher seule chez soi, sans aucun soutien médical.

C’est une pratique répandue dans certains pays, (notamment les Pays Bas), mais beaucoup moins en France. Pour cause, tout est fait pour empécher les sages femmes AAD de pratiquer dans de bonnes conditions !

Si le sujet vous intérésse, tous les détails sont sur le site de l’Association Professionnelle de l’Accouchement Accompagné à Domicile. Vous y trouverez beaucoup d’informations, et notamment les adresses des sages femmes pratiquant l’AAD (elles ne sont pas toutes répertoriées, il faut parfois chercher, notamment sur les groupes Facebook).

Logo Apaad

L’AAD n’est possible que pour les mamans sans problèmes de santé importants. Les limites varient selon les sages femmes, certaines accepteront un diabète gestationnel bien suivi alors que d’autres non par exemple.

Pareil, si le bébé présente une pathologie quelconque, l’AAD ne pourra pas avoir lieu.

Pourquoi l’accouchement à domicile (AAD) ?

Chacune a sa propre histoire et ses propres raisons qui amènent à envisager l’accouchement à domicile. Je ne parlerai que de mon cheminement, pour expliquer et pourquoi pas inspirer 🙂

  • Dès ma première grossesse, j’ai voulu accoucher à la maison, mais aucune sage femme pratiquant les AAD n’était disponible dans la région où j’habitais.
  • Je n’ai pas un grand amour des hopitaux (euphémisme ;-)), de par mon histoire personnelle et par ma lègère tendance à l’angoisse (euphémisme again).
  • La présence et l’implication de mon mari est essentielle pour moi, ce que l’accouchement à domicile pouvait me garantir.
  • Je ne suis pas hyper à l’aise avec le personnel médical, notamment suite à une série de rencontres qui ne se sont pas bien passées. Attention, je ne dis pas que la médecine ne sert à rien (j’ai déja eu la conversation des dizaines de fois 😉 ), elle est utile dans bien des cas. Je dis juste que humainement, beh euh, comment dire,… de manière générale c’est pas ouf ouf (je vous le remets pas le coup de l’euphémisme c’est bon ?) La relation avec les sages femmes de manière générale, et avec celles AAD particulièrement, est beaucoup plus simple je trouve.
  • C’est important pour moi de pouvoir rester avec mon bébé (s’il n’avait aucun problème), ce qui est certain avec l’accouchement à domicile, et beaucoup moins à l’hopital.
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1er accouchement,14h : pas de péridurale, 10h de ça va, 2h de c’est chaud quand même là, et 2h de panique total

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2ème accouchement, 8h : déclenchement, péridurale posée 20 minutes avant l’expulsion

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3eme acouchement, 7h : pas de péridurale, tranquilité +++ (tellement qu’ils nous ont oublié en salle de naissance !)

Au final, après mon premier accouchement en clinique qui ne c’est pas très bien passé, tant que je ne pouvais pas avoir de sage femme AAD, j’ai imposé mes conditions : liberté de mouvement, pas d’incitation à la péridurale, le moins d’interventions possibles de l’équipe médicale, possibilité de rester avec mon mari tout le temps, implication de ce dernier, sortie anticipée,…

Bref, pour les 2 suivants j’ai pu faire plus ou moins ce que je souhaitais. Et, enfin, pour mes deux dernières, dans deux endroits différents, j’ai pu avoir un acccouchement à domicile ! Aaaaalleluuuuuuuia

Les avantages

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Les avantages sont nombreux, et ils se sont confirmés pendant mes deux accouchements à domicile :

  • La relation avec le personnel médical qui est souvent très différente : pour mon dernier accouchement, j’étais suivie par deux sage femmes pratiquant l’AAD, leur cabinet était dans une maison, avec un salon et un coin pour manger en attendant, des RDV d’une heure, tutoiement de rigueur, un numéro de tel portable où je pouvais les joindre directement par sms ou appel, une préparation à la naissance en groupe en mode apéro où tout le monde amène un truc à manger,… en gros rien à voir avec la clinique ou l’hopital où tout se passe à la chaine dans un décor froid et inconfortable (enfin de mon point de vue 😉 )
  • La possibilité de préparer le lieu de son accouchement : où on veut (ca peut changer au dernier moment 😉 ), choisir l’ambiance qu’on veut (musique, lumières,..),…
  • Choisir sa position ! Un indispensable pour moi, parce que gérer la douleur en position gynécologique c’est juste une horreur. Voici un article qui reprend les principaux inconvénients de la position sur le dos.
  • Choisir la ou les personnes qui nous accompagnent (bon evidemment si on invite la famille entière, cousins et grand oncle compris, il y a des chances pour que ça passe pas avec la sage femme !)
  • Être chez soi tranquille: personne pour allumer les lumieres, faire le ménage ou je ne sais quoi, te donner des conseils que t’as pas demandé,… J’ai détesté le séjour à la clinique pour les 3 accouchements en structure,même si je suis restée au max deux jours (deux jours de trop ;-)) Être à la maison; c’est aussi avoir ses repères, ses affaires, sa nourriture (on va pas se mentir l’hosto c’est pas fameux ! )
  • Ne jamais être séparé de son bébé : très peu d’interventions sauf necessité impérieuse, possibilité de le garder sur soi pour les quelques vérifications, pesée qui peut attendre le lendemain,…
  • La possibilité de manger, boire, prendre un bain, accoucher en psicine, bouger, danser, chanter, vocaliser,… Lors de mon premier accouchement, on m’avait interdit de boire, je l’ai très mal vécu. 14h d’effort physique intense sans une goutte d’eau, c’est un non-sens !
  • Pas de rupture avec les autres enfants : ça s’inscrit dans la continuité, et j’ai beaucoup moins eu cette sensation de « flottement », que j’ai pu avoir apres les 3 premiers accouchements en structure, au moment de rentrer.
  • Beaucoup plus facile de s’en remettre physiquement et psychologiquement : pas d’épisiotomie en règle générale, pas de poussée dirigée, position choisie librement, possibilité de manger et boire, repos facilité,…

Mon premier AAD

  • C’est mon 4 ème enfant, je suis très très très impatiente d’accoucher. Je suis presque à la DPA et l’hopital commence à me parler de contrôle et de déclenchement, ce que je veux vraiment éviter. Ma sage femme AAD me fait une séance d’acupuncture pour aider à la mise en route (elle me dira après que c’était surtout pour me détendre ! 😉 )
  • Pendant la nuit du 03 au 04 février 2017, après plusieurs jours de « faux » travail, je me réveille vers 00H avec la fissure de la poche des eaux. Je me lève, je sais que c’est le grand jour, enfin !
  • Je préviens mon homme en lui disant qu’il peut dormir encore un peu, et je vais dans le salon finir de préparer mon coin : écharpe de portage accrochée à la poutre pour me suspendre, fruits secs, bouteille d’eau, homéopathie donnée par ma sage femme, couverture, chauffage d’appoint, petites lumieres, alèses pour protéger… C’est cosy quoi !
  • Au bout d’une heure, je dis à mon homme qu’il faut apeller sa mère, qui doit venir garder les enfants à la maison parce que c’est sûr c’est aujourd’hui ! (en vrai : « chhhéérrriiiiiiiii ! appelle ta mere ouaich le bébé va arriver » ) Elle est à deux heures de route, on verra si elle est là à temps !
  • Je continue à gérer les contractions, avec la respiration et les phrases données par ma sage femme qui me parlent grave : visualiser la vague qui monte et descend au moment des contractions, récuperer entre les deux contractions en se relachant totalement, parler à son bébé et se rappeler que chaque contraction rapproche de la fin.
  • Vers 3-4H on appelle la sage-femme, qui après m’avoir eu au tel estime qu’elle a encore un peu de temps et arrivera vers 6H30.
  • Je continue donc mes visualisations et respirations, je fait du ballon, je m’appuie contre le mur, … ça commence à être plus dur, je fatigue. Je vocalise (traduction je fais des « aaaaaaa » « oooooooo » « uuuuuuuu » un peu au hasard) Mon chéri m’encourage et m’appuie sur le bas du dos à chaque contraction, Mamie arrive, toute excitée 😉
  • La sage femme arrive un peu avant 7h. Elle m’ausculte discretement et m’annonce que je suis à dilatation complete, que c’est la fin. Dans ma tête je me dis « WHHHAAAT? » Déja ? »
  • En très peu de temps je commence à sentir le bébé descendre, et le cercle de feu suit. J’ai la brève pensée de « mon corps va pas tenir, c’est mort, c’est pas possible, tout va se déchirer » suivi d’un « toute façon j’ai pas le choix! »
  • Je me mets à 4 pattes, position que j’avais deja validé pour le précédent accouchement, et en 2-3 poussées, la tête est dehors et le reste du corps aussi.
  • Mon homme réceptionne notre fille (en bon sportif ;-)) , et heureusement parce que tout à mon effort physique je ne pense pas du tout à le faire !!
  • Notre bébé est super calme, elle a le cordon autour du cou mais à l’air d’aller bien. Mon mari lui parle, et elle est hyper attentive 🙂 La sage femme n’intervient qu’à ce moment là. Elle enlève le cordon et m’aide à aller dans le lit avec ma fille toujours attachée au placenta.
  • Elle a les yeux grands ouverts, ne pleure pas (ma fille hein, pas la sage femme ! ), et a l’air fasciné par son père (enfin elle voit rien mais bon !)
  • Je la mets au sein, et tranquillement la sage femme vérifie que tout va bien pour moi. On coupe le cordon.
  • Je sais que c’est pas fini, même si j’ai pas du tout envie ! d’ailleurs c’est la partie de cet accouchement que j’ai le moins aimée : les tranchées, et l’arrivée du placenta une heure apres.
  • La sage femme fait une derniere verif, pèse le bébé, fait les papiers. On prend un petit dej improvisé ensemble et elle s’en va.
  • Les enfants (et mamie) se réveillent. Ils n’ont rien entendu, et découvre leur petite soeur.
  • Je n’arrive pas à dormir de la journée, je suis juste posée et contente. Mon mari me félicite.
  • Ma belle mère reste une semaine, on en profite : au 4 eme jour on prend le train pour Paris, pour aller manger au resto, avec notre bébé tout neuf en écharpe. Les gens nous regardent beaucoup 😉 mais je me sens vachement en forme, y a pas à dire !

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Juste après la naissance
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Notre fameuse balade à Paris

Mon deuxième AAD

  • C’est mon 5 ème enfant, j’ai fait deux fausses couches avant que je n’ai pas bien vécues. Ma tante, malade depuis 3 mois, décède le 23/08/2019. Les contractions avaient commencé dans la journée, et se sont arretées à l’annonce de son décès. Hasard ou protection ? je ne le saurai jamais !
  • Je fais une anémie sévère qui inquiète l’hopital (dédicade à ce gynéco tout pourri qui m’a répété en boucle : « ah lalala ca va pas du tout, c’est grave, c’est graaaaaavvvvee » sans répondre à mes questions, ni m’expliquer, et en présentant comme unique solution une transfusion) Heureusement mes sages femmes que j’ai rapidement au tel me rassurent et me demandent quand même de faire remonter un peux le taux, et m’expliquent (enfin!) pourquoi ça pourrait être génant. Elles me posent des questions sur comment je me sens (tiens oui ca serait pas mal non ??) et on convient ensemble que je vais tenter des compléments + changemement d’alimentation. Je suis motivée, je mets en place un protocole de ouf ! Les compléments ne passent pas, je vomis tout à chaque fois, il ne reste que la bouffe. Et ça marche ! une semaine avant l’accouchement, je suis remontée au minimum du taux demandé par mes sages femmes (bien en dessous de celui demandé par l’hosto)
  • Le 24 août, ma belle mère arrive pour rester une semaine environ en prévision de l’accouchement. On a prévu une journée à la piscine du coin avec les enfants, me permettant au passage de me changer les idées. Vers 15h, des contractions commencent à ré-apparaitre. Je me dis tranquille, c’est bon, je suis laaaarrgge. J’ai pas perdu les eaux, donc pour moi c’est bon !
  • On va donc à la piscine, à pieds, les contractions sont régulières mais espacées.
  • Une fois dans l’eau, je kiiiiffffe ! Heureusement, il y a mon mari, ma belle-soeur et ma belle-mère pour s’occuper des 4 enfants.
  • Je kiffe tellement qu’à un moment donné je me rend compte que les contractions sont vachement rapprochées quand même ! je commence à m’imaginer accoucher à la piscine, et je kiffe beaucoup moins d’un coup. Je préviens mon homme discretement, a base de « pssschiiiit ! hey! you ! Viens voir ! heuueu je crois qu’il faut qu’on rentre! NOW! »
  • Le trajet du retour, à pieds, une petite demi-heure normalement, est assez comique. Les contractions sont rapprochées d’environs 5 minutes, je suis obligée de m’arreter à chaque fois 🙂
  • J’appelle ma sage femme qui passe le week end en Bretagne. Elle a 2/3 heures de route.
  • On explique aux enfants que le bébé va bientôt arriver, on met de la musique, les enfants chantent, et moi je suis deja à moitié plus là, en train de me préparer à accoucher.
  • 18h : on arrive à la maison, je file sous la douche. Je tente un truc : ballon de grossesse dans la baignoire et douche bien chaude sur les reins. Je suis bien, même si je manque de me rétamer 2/3 fois !
  • Les enfants défilent après manger pour se brosser les dents et me dire bonne nuit, moi toujours dans la baignoire. Le moment est marrant, ils n’ont pas l’air de bien se rendre compte et me regardent un peu chelou.
  • Je bascule dans ma chambre. J’ai moins préparé que l’accouchement précédent, mais l’essentiel est là ! Mon mari, des alèses, mon ballon!
  • Vers 20h ma sage femme arrive, et comme convenu elle reste à l’écart. Elle se mettra même en dehors de la chambre pendant un moment.
  • Cette periode est plus dure. J’ai besoin de mon mari, je me sens plus fragile. Je pense à la mort de ma tante la veille et la naissance qui arrive, les deux se mèlangent un peu. Bruno (mon mari donc ! ) se met en mode coach. Il me rappelle les bases de la respiration, la détente entre chaque contraction, (il me dit « fait le légume »), il appuie sur les reins quand j’ai besoin,… Je fais le « cheval » en emettant un son où je fais vibrer mes levres. La sage femme me dira plus tard que nos expressions la faisait rire !
  • Un peu après 21h, les choses s’intensifient ! C’est l’heure ! Le travail me semble plus dur que d’habitude, c’est intense et avec très peu de répit. A 4 pattes sur le lit, je crie pour libérer toute cette énergie et évacuer la peur et la douleur. La poche des eaux perce à ce moment là, et ce qui restera un moment d’anthologie dans notre couple, mon mari qui était derriere pour reception du bébé, se prend tout en pleine poire. Le bébé arrive juste après, en mode boulet de canon.
  • Elle est secouée, elle pleure beaucoup. Elle finit par se calmer sur nous, mais se remet à pleurer par intermittence .
  • On coupe le cordon, le placenta ne sort pas ! Je commence à pester, à m’impatienter. Physiquement ça va, mais j’en ai ras le fion ! Ma sage femme me rassure, pour elle il n’y a pas de problème. Je bouge, j’essaie de me détendre, je vais dans la douche, et vers 00h, la délivrance ! (dans tous les sens du terme)
  • S’ensuivra un nouveau moment mémorable, quand ma sage femme me demande si je veux manger un bout du placenta. J’en avais parlé avec elle avant, mais je n’avais pas prévenu mon mari (oups!!). Je décline l’offre, et je vois mon mari sortir de la pièce pour contenir un fou rire. Il rejoint sa mère dans le salon. Leurs rires résonnent dans toute la maison ! 😉
  • Ma fille s’endort, pendant que moi, comme d’hab, je reste réveillée, le temps d’intégrer la transition.

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Avec maman et papa quelques minutes après la naissance

Concrètement comment ça se passe ?

Au tout début de la grossesse, (voir avant), il faut commencer à chercher une sage femme AAD dans le coin où on habite. Il y a peu de sage femme AAD en France, et elles sont souvent surbookées.

Si vous avez la chance d’en trouver une, le premier RDV peut avoir lieu. Il s’agit de discuter du projet, des raisons qui motivent le choix de l’AAD, de l’implication du conjoint, de l’historique médical,.. La sage femme répond assez vite en général si elle accepte de vous suivre. Vous aurez aussi un moment de réflexion avant de donner votre réponse définitive.

Il faut aussi se mettre d’accord sur le prix : en général autour de 900€, ce qui comprend la disponibilité jour et nuit le mois du terme de la grossesse, l’accouchement, et le suivi. Personnellement, à chaque fois on a pu se mettre d’accord sur un échéancier et j’ai utilisé notamment la prime de naissance pour le financer.

Une fois que tout le monde est d’accord, le suivi à proprement parlé commence. Il ressemble au suivi d’une sage femme libérale. Certaines sages femmes AAD laisse une latitude sur les examens à effectuer, tout ça est à voir avec elles. Elles peuvent proposer aussi des séances de préparation à la naissance, spécifiques AAD.

Les échographies et autres examens sont souvent à faire ailleurs. Au 8ème mois, la sage femme vous demandera de vous inscrire dans une maternité, en cas de transfert. Il faudra aussi faire le rdv anésthésiste, toujours pareil au cas où. Les maternités réagissent plutôt avec méfiance au projet d’accouchement à domicile, c’est pourquoi il vaut mieux y aller accompagnée et bien préparée.

Si tout va bien, au début du dernier mois, la sage femme vient visiter le domicile et rencontrer le reste de la famille. Le jour J, on appelle la sage femme qui se déplace et accompagne l’accouchement de A à Z, selon ce qui a été convenu avant.

S’il y a le moindre doute, avant, pendant ou après, l’accouchement, la sage femme va organiser le transfert de la maman vers la maternité où elle est inscrite. Pareil, si la maman manifeste le désir de finalement aller en stucture, il y a transfert.

Pour les questions d’ordres médicales, les sages femmes AAD ont le matériel et les compétences pour agir rapidement sur un certain nombre de problématiques, comme une hémorragie post-partum ou une détresse respiratoire du nouveau-né. Je ne m’étendrai pas plus que ça sur le sujet, il y a des études trés bien faites qui mettent en évidence que l’AAD n’est pas plus risqué qu’à l’hopital.

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Qelques chiffres sur l’AAD en France pour l’année 2019, issu du rapport de l’APAAD sur la Sécurité et qualité des accouchements assistés à domicile en France.

Les conditions pour que ça se passe bien

Le rapport à la douleur

Le sujet mériterait un article entier (qui viendra peut être ), mais c’est incontournable ! et oui, qui dit accouchement à la maison, dit pas d’anesthésie. Quand j’ai fait mon premier accouchement à la maison, j’avais déja accouché deux fois sans péridurale, et une fois avec la péridurale juste avant la fin. Clairement ça m’a aidé me projeter.

Mon premier accouchement sans péridurale ne c’est pas bien passé, j’ai fait une grosse crise de panique à la fin. J’ai compris assez vite que ce résultat était le mélange de mon rapport à la souffrance, du manque de préparation mentale, de professionnels de santé obtus et incompétents et de la nouveauté d’un premier accouchement.

Au final, ça n’avait donc rien à voir avec l’absence de péridurale en elle-même. 🙂

A partir du deuxieme accouchement j’ai commencé à prendre le sujet au sérieux, à en parler (avec mon homme toujours 😉 ) et à me renseigner. J’ai notamment lu J’accouche bientôt, que faire de la douleur, qui m’a donné des pistes intéressantes.

De manière plus générale, il a fallut refaire un point sur mon rapport à la souffrance, nécessaire de toute façon dans ma vie de jeune maman, et augmenter ma tolérance à la douleur, fatigue, impatience,…

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J’admire le jeu d’actrice de la dame sur cette photo 😉

Je ne vous cacherai pas que c’est un parcours en pointillé, avec des hauts et des bas, mais qui m’a permis de vivre beaucoup mieux mes accouchements suivants.

J’ai pu expérimenter un principe très simple : plus on résiste à la douleur, plus ça fait mal.

La confiance

La confiance en soi, d’abord, pour se sentir capable d’accoucher chez soi. Il y a les peurs à affronter, la gestion de la douleur, les incertitudes. Mais j’ai envie de dire que c’est pareil quand on accouche en structure, THE question est :

Est-ce qu’on se place en victime de son accouchement ou en actrice ?

Confiance en soi aussi pour défendre son projet, parce qu’il y a la gestion des regards, questions, critiques,.. venant de l’extérieur, parfois de l’entourage proche qui peut avoir peur, et aussi des professionnels de santé.

La confiance en ceux qui nous soutiennent, mari, famille, amie,.. et qui seront là le jour J, est essentielle. Ce sera plus difficile de se laisser aller, de se concentrer sur la naissance si on a des doutes par rapport aux personnes présentes.

Et enfin, il faut avoir un minimum confiance dans la sage femme qui nous accompagne.

Il ne s’agit pas d’en faire forcément sa meilleure amie ;-), ni même d’être d’accord sur tout, mais que les limites de part et d’autres soient bien posées !

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Les idées reçues

Des idées fausses, des clichés, des remarques, … j’en ai eu pas mal ! Je vous mets les meilleurs et les réponses que j’ai pu donner (ou que j’aurai aimé donner ! ) :

  • Mais pourquoi accoucher sans péridurale ? on est plus au Moyen âge ! ou T’es maso ? Parce que je sais qu’il y a d’autres moyens de gérer la douleur, et que je suis convaincue que cette expérience m’apporte beaucoup.
  • Mais ca va pas, tu te mets en danger et tu mets ton bébé en danger, tu te rends compte ? Je t’invites très gentiment à te renseigner avant de parler, les statistiques montrent sans équivoque que le risque n’est pas plus élevé. Il y a des risques inhérents à l’hopital dont on parle beaucoup moins.
  • Ton mari il laisse faire ça ? Mon mari ne décide pas de ma manière d’accoucher, et oui il me laisse faire ce que je considère le mieux pour moi et il me soutient, bizarre hein?
  • Tes ainés vont être traumatisés ! Alors il y a plein de solutions pour les accompagner dans cette expérience : en premier parler, expliquer, préparer (comme pour tout accouchement en fait) et le jour J les faire garder ailleurs, les faire garder à la maison, les faire participer pendant une partie ou tout l’accouchement,… beaucoup de choses sont possibles, selon les conditions de chacun.
  • Tu vas réveiller tout le quartier ! Alors en général on est loin du cliché dans les films où la meuf accouche à l’improviste, et se met à hurler comme une ouf. Dans mon expérience perso, j’ai surtout vocalisé, et même si j’ai pu crier vers la fin, on n’était pas sur des hurlements à mort non plus. Pour dire, ça n’a même pas reveillé mes enfants les 2 fois.
  • Moi j’ai accouché à l’hopital et ça m’a sauvé la vie. Mon propos n’est en aucun cas de nier l’importance de l’hopital, dès que la situation le nécessite. J’essaie de faire la part des choses en constatant les limites de l’hopital dans le cas d’un accouchement physiologique, et les problématiques que cela induit.
  • Qu’est ce tu fais du placenta ??? C’est vrai que dans un AAD, on a beaucoup plus de maneuvre sur ce sujet. Je fais un rapide survol des possibilités : le planter sous un arbre, en manger un bout, en faire de l’homéopathie, le congeler en attendant, faire une empreinte,… ou le laisser à la sage femme.
  • Faut être super courageuse, moi je pourrai jamais ! En fait je suis pas spécialement courageuse, voir même le contraire. J’ai découvert une motivation dans la gestion de mes accouchements, parce que j’ai mis une priorité dessus, et ma plus grande peur est devenue de (re) vivre un accouchement que je subis.
  • Ton mari il va te voir différement après, ca va tuer votre vie sexuelle. Alors c’est vrai que mon mari a été beaucoup plus actif et présent, et qu’il m’a vu sous tous les angles, ;-). Il a même été aux premiere loges ! et non, ça n’a rien changé à sa vision de moi, on en a surtout bien rigolé après. On en avait parlé avant, de ses limites et du rôle qu’il était prêt à prendre. L’important c’est d’être au clair.
  • Tu vas pas pouvoir te reposer comme à la maternité. Aahahahahahahahah Qui a parlé de repos à la maternité ??? entre les bruits, les réveils forcés, les flicage du bébé (il a fait caca, pipi, manger,…), les questions, les impératifs, les contradictions, les interruptions pile au moment où le bébé s’est enfin endormi, la bouffe dégueulasse,… je vois pas bien où est le repos !!

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Le lendemain de l’accouchement pour ma 4ème

Je n’ai pas fait un tour exhaustif de l’accouchement à domicile, il y a tellement à dire ! J’ai essayé de donner les informations essentielles et les points importants de mon histoire, en espérant que ça puisse servir pour ceux/celles intéressés par le sujet. Merci d’avoir lu et belle rencontre pour celles qui vont accoucher 🙂